La sacristie, située à droite de la tour, fut construite dans le premier tiers du XVIIIe siècle, à la place d’annexes plus anciennes. Elle apparaît vers 1740 sur la gravure de Remacle Leloup et est décrite comme suit par P. de Saumery: « On entre du sanctuaire dans une sacristie d’une singulière beauté. Le platfond, les beaux tableaux qui en couvrent les murs, et son pavé de marbre en font une des plus belles pièces en ce genre ». L’ensemble de son ornementation appartient aux styles Louis XIV et Régence : plafond stuqué, mobilier intégré, portes, ainsi qu’une série de tableaux sertis dans des lambris.
Cette sacristie a subi une profonde restauration qui n’était pas prévue en 1977, date du premier cahier des charges établi par l’architecte Francis Bonaert. En effet, la découverte de la mérule, tant dans les plafonds stuqués, les lambris que les murs de brique, obligèrent de revoir complètement le projet initial visant alors une « simple » restauration in situ.
En 1987, les soupçons de mérule se confirment par l’analyse et le rapport du Dr IR. A. Dutrecq, alors chef de travaux à la station de phytopathologie de Gembloux. Il signale en ces termes alarmants : « De beaux carpophores de Merulius lacrymans sortent du plafond de la sacristie et de la pièce attenante ». Dans les combles « un tapis mycélien couvre entièrement le sol et attaque des chevrons et des plaques d’aggloméré servant de plancher provisoire….Il est indispensable et urgent de démonter tous les lambris et pièces de bois de la sacristie…Il faut également faire tomber une partie du plafond pour observer l’étendue de l’attaque de la mérule sous celui-ci ».
En 1988, un nouveau cahier des charges est élaboré et détaille les travaux à réaliser aux murs, boiseries, tableaux, gîtage du plafond et charpente. Le traitement de la mérule, présente aussi dans d’autres parties de l’église, sera prioritaire, avant de restaurer les éléments patrimoniaux de la sacristie. Ces travaux non prévus feront l’objet d’importants suppléments répartis sur plusieurs années budgétaires. Ils retarderont ainsi le programme de restauration, toujours inachevé en 2016 en ce qui concerne les tableaux destinés à être replacés dans les lambris.
Le plafond stuqué
Atteint par la mérule, il nécessita une profonde restauration, voire une quasi reconstruction. Tous les éléments stuqués furent déposés afin de remplacer le support (chevrons et lattis) par des hourdis de béton.
En 1992-1993, l’atelier Menchior, de Liège, assura les travaux de restauration des stucs.
Avant la dépose, tous les décors stuqués furent moulés, afin d’assurer la pérennité des modèles. Avant ce travail de moulage, plusieurs opérations furent nécessaires au préalable: grattage des nombreuses couches de chaux afin de retrouver la nervosité des décors, application d’un film protecteur isolant pour empêcher le moule d’adhérer, réfection des lacunes in situ, pose au pistolet d’une 2è couche d’isolant, enrobage de deux couches de caoutchouc silicone et, après séchage, pose d’une chape de plâtre et de filasse, afin d’assurer une complète rigidité lors de leur dépose.
En atelier, les stucs déposés furent nettoyés et les éléments manquants reconstitués dans leur moule. Les stucs à recomposer, telle la colombe centrale, furent sculptés sur place par un stucateur. Malheureusement, la plupart des stucs durent être refaits selon les moules et reposés sur des panneaux de plâtre plus rigides, l’ensemble étant repeint au blanc fixe.
Les boiseries
Les boiseries de style Louis XIV-Régence sont en chêne verni. Elles furent démontées durant la phase 4 des travaux (1990-1991), restaurées en atelier (1991) et entreposées en attendant la restauration du plafond stuqué. Egalement touchées par la mérule, elles furent traitées sur toutes leurs faces par un fongicide insecticide curatif.
Le descriptif de 1988 prévoyait le renouvellement de nombreux éléments, et principalement la réfection des fendillements des panneaux abîmés, le renouvellement des panneaux et structures détruits, en chêne de premier choix sans nœud et selon les profils existants, ainsi que le renouvellement de moulures et de parties sculptées. Après un grattage de tous les vernis, une mise en cire naturelle et légèrement teintée était prévue afin d’harmoniser les parties anciennes et nouvelles.
En 1995, différents essais de nettoyage et traitement de finition furent réalisés, afin de réorienter l’intervention vers un travail de conservation et d’éviter au maximum le décapage initialement prévu. En outre se posait la question de l’harmonisation des éléments neufs et anciens. Il fut demandé le travail suivant: après un ponçage du bois, une légère teinture à l’aquarelle, enrichie de gomme arabique ou de colle de peau, sera appliquée sur les boiseries afin d’uniformiser les teintes d’ un reflet rouge; ensuite le bois teinté encore humide sera poli avec un chiffon ; suivra une application de couches de gomme laque dissoutes dans l’éthanol, avec éventuels ponçages intermédiaires ; enfin, l’application d’une couche de vernis légèrement teinté terminera le travail de finition. Ce traitement de finition fut exécuté par Jean-Louis Grand, peintre en décor, qui composa également les faux marbres du chœur. La restauration des boiseries et leur repose furent terminées en 1996.
Extrait de Thérèse CORTEMBOS, Sophie DENOEL, Alain de WINIWARTER et Robert LAMBERT, L’église Saint-Loup à Namur, Carnets du Patrimoine n°125, éd. Institut du patrimoine wallon, 2014.