Les boiseries de l’église Saint-Loup forment un ensemble imposant d’esprit baroque. L’esprit de la Contre-réforme s’exprime remarquablement dans les confessionnaux dont l’Eglise a désormais codifié l’allure : ainsi, le Concile de Milan de 1576 rend obligatoires les cloisons, le toit, les portes.
Les 10 confessionnaux de l’église Saint-Loup présentent 3 séries bien identifiables :
- la 1re série de 4 confessionnaux (v. 1655) est caractérisée par une prédominance de la structure rythmée pas des colonnes cannelées ;
- la 2e série (v. 1665) présente des colonnes torsadées et un décor abondant ;
- les 3 derniers confessionnaux au fond de l’église datent de la 1re moitié du XVIIIe siècle et sont d’esprit Louis XIV.
Le banc de communion, lui aussi baroque, est considéré comme contemporain de la 1re série de confessionnaux.
Les lambris du fond de l’église datent quant à eux de la 2e moitié du XVIIIe siècle.
La chaire de vérité (ou chaire à prêcher) a été réalisée au XIXe siècle dans l’esprit baroque. Elle est signée et datée « Benjamin Devigne / sculpteur / A dinant / 1876 ».
Avant la longue campagne de restauration qui nous permet aujourd’hui d’admirer un ensemble mobilier remarquable, on compte quelques tristes épisodes :
- au XIXe siècle, une restauration malheureuse de 2 confessionnaux;
- en 1965, le 1er confessionnal proche de l’autel latéral droit ayant brûlé, certaines parties calcinées sont reconstruites ;
- les deux confessionnaux suivants (côté droit) subissent en 1974 un décapage catastrophique au calligène qui dégrade le chêne de manière irréversible…
C’est en 2001 que débute la dernière campagne de conservation-restauration du mobilier. La 1re phase est confiée à l’Association momentanée Alain de Winiwarter – Art Restauration scrl.
Une étude préalable avait été réalisée en 1996 par J.A. Glatigny en association avec l’IRPA alors que les confessionnaux avaient été détachés de leur emplacement d’origine pour permettre des travaux d’assainissement des murs. L’état des lieux qui fut établi alors servit de base aux cahiers des charges successifs.
La campagne de 2001 se concentre sur 2 confessionnaux stockés depuis plus de 20 ans à Bruges et dont l’état est fort mauvais : les spores du bois sont ouverts, le bois fendillé et de teinte verdâtre, conséquences malheureuses d’un traitement de restauration inadéquat.
La mission des restaurateurs consista alors essentiellement en un rinçage des boiseries pour arrêter définitivement les effets néfastes du calligène, un décirage à la vapeur, un nouveau rinçage et un séchage progressif. Ce travail fut réalisé en atelier sur les boiseries démontées.
En 2008, une nouvelle campagne de restauration-conservation des boiseries est lancée. Elle est confiée à une Association momentanée de trois ateliers : Alain de Winiwater, Art-restauration scrl et Copet Le Grelle et ass. sprl. Les restaurateurs trouvent l’ensemble des confessionnaux détachés de leurs emplacements et dans un état pitoyable : en 1989, le mobilier avait été désolidarisé des murs pour permettre un traitement contre la mérule, mais il avait été malmené et aucune protection correcte n’avait été prévue durant les travaux de nettoyage des marbres. L’intervention des restaurateurs en 2008, concentrée sur 4 confessionnaux, a consisté à reconstituer et à consolider ces meubles après décirage, voire à combler des lacunes. Une harmonisation de teinte de l’ensemble des boiseries a été possible grâce à la pose d’un vernis gomme laque dilué.
Le banc de communion lui aussi déposé avait été adossé sans précautions à une scène installée dans le chœur de l’église. Les portes et les raccords aux angles furent détachés et l’ensemble du banc fut emporté en atelier. Outre des teintes variées et peu heureuses dues à divers traitements et méthodes d’entretien au cours du temps, bon nombre de moulures et sculptures étaient lacunaires ou abîmées. Le cahier des charges prévoyait la restauration et le remplacement à l’identique des moulures, sans pour autant les répertorier toutes. En ce qui concerne les sculptures, seul l’ornement de la porte centrale fut réalisé sur base de photos anciennes.
Après les imprégnations de bois vermoulus et les très nombreux recollages, l’ensemble fut remonté comme à l’origine. Ici aussi, une couche de gomme laque fut appliquée en attente de l’harmonisation de l’ensemble.
En 2008 également, les lambris du fond de l’église furent confiés à un artisan ébéniste, Pierre Marchal, et furent traités comme les confessionnaux.
Le buffet d’orgue et la chaire de vérité (datant tous deux du XIXe siècle) furent quant à eux confiés à l’atelier Schumacher, facteur d’orgue. Les surfaces de bois souillées furent nettoyées et recirées. Malheureusement, la cire n’a pas l’avantage d’un vernis gomme laque : la poussière se fixant à la cire, l’allure générale est déjà terne.
En 2010, un nouvel appel d’offre désigne l’association momentanée de trois ateliers (Alain de Winiwater, Art-restauration scrl, et Copet Le Grelle et ass. sprl) à qui avait été confiée la restauration des premiers confessionnaux. La mission englobe les deux confessionnaux du fond à droite et les quatre confessionnaux du côté gauche (le confessionnal proche de l’autel latéral avait été restauré en 2008). Ces six confessionnaux restants étaient parfois fort endommagés : avant toute chose, il fallut appliquer un traitement préventif et curatif contre les insectes et champignons xylophages. Les conditions honteuses d’entreposage (depuis 1989) ayant fait leur œuvre, un travail de repose de centaines de petites moulures et éléments décoratifs fut nécessaire. Découverte heureuse cependant : sous la croûte de saleté, les restaurateurs découvrent la finition originale vernie. La teinture semble avoir été un brun rougeâtre. Les vernis utilisés à l’époque baroque étaient probablement épais et plutôt brillant pour s’harmoniser avec les dorures et les marbres polis.
En 2011, tous les confessionnaux enfin replacés dans l’église bénéficient d’une harmonisation de la finition. Pour ce faire, des essais et une étude des teintes ont notamment été effectués en comparaison des boiseries baroques de Notre-Dame de Kortenbos, et cela en liaison étroite avec les responsables de Onroerend Erfgoed (Marjan Buyle) et du Département du Patrimoine du Service public de Wallonie.
Sources : Thérèse CORTEMBOS, Sophie DENOEL, Alain de WINIWARTER et Robert LAMBERT, L’église Saint-Loup à Namur, Carnets du Patrimoine n°125, éd. Institut du patrimoine wallon, 2014.