Au XVIe siècle, l’Eglise catholique, tiraillée en sens divers, est surtout prise à partie par les réformateurs protestants qui critiquent ouvertement un laisser-aller. Elle devra opérer un retour aux sources et réagir en révisant la doctrine, puis en décrétant une série de mesures de redressement à tous les niveaux. Tel sera le but essentiel du Concile de Trente (1545 – 1563) et de la Contre-Réforme, à l’intonation d’abord plutôt prudente, puis triomphante (phase baroque). C’est dans ce contexte que se situe, en 1540, la fondation de la Compagnie de Jésus par Ignace de Loyola.
A cette époque, la ville de Namur, petite et pas bien riche, ne s’est pas ouverte à la Réforme protestante. Siège d’un évêché depuis 1561 et dotée d’un séminaire, elle reste catholique et fidèle au roi. D’emblée elle n’entre donc pas dans le collimateur du prosélytisme de l’ordre des jésuites. Mais Namur n’est pas sourde à la bonne réputation de la Compagnie : elle connait la qualité des cours dispensés en son collège de Dinant, fondé en 1564.
En 1610, les augustins, concurrents des jésuites dans l’apostolat, introduisent auprès du Magistrat (l’autorité communale) une demande de création d’un collège. Après une âpre lutte d’influence, les autorités namuroises s’engagent résolument dans la voie de saint Ignace : c’est aux Jésuites qu’ils confient l’éducation de leur jeunesse, avec la reprise de l’école du Faucon, établissement de la ville situé sur le site du futur collège. En 1611, les jésuites y implantent le nouveau collège, dans cet îlot déjà bien bâti entre la rue de la Marcelle (aujourd’hui Basse-Marcelle) et la rue de la Croix ( aujourd’hui rue du Collège). Pendant 34 ans, les chantiers vont se succéder, changeant complètement la physionomie du quartier. Le point d’orgue sera la construction de la chapelle du collège, l’actuelle église Saint-Loup, qui sera consacrée le 28 mai 1645.
Dans la mouvance du Concile de Trente, clôturé en 1563, l’édifice du culte est un tant soit peu réorganisé, ou repensé en termes de proximité et de conviction. Il reste bien sûr de plan basilical, l’entrée se faisant sur l’axe, face au maître-autel en point de mire. Idéalement, il doit offrir un espace unifié qui vaut en tant que salle de prêche, où les fidèles ont un contact plus direct avec l’officiant, peuvent lire un missel et entendre convenablement la parole qui leur est proclamée du haut de la chaire de vérité. Aussi va-t-on mettre l’accent sur la nef centrale, bien éclairée et flanquée de bas-côtés « servants », où sont installés des confessionnaux, supprimer le transept qui coupe le vaisseau et éloigne d’autant le chœur, remplacer le jubé par un banc de communion dégageant la vue sur l’autel.
Extrait de : « Olivier BERCKMANS et Luc Francis GENICOT, l’église St-Loup et l’athénée royal de Namur. L’ancienne église Saint-Ignace et le collège des jésuites, éd. Ville de Namur, Namur, s.d. (vers 2001).
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