Les voûtes
Les voûtes qui couvrent l’ensemble de l’église sont un joyau de l’art baroque, où foisonne un répertoire naturaliste. Pour rappel, elles ont été construites en 1638 pour les bas-côtés et en 1643 pour le grand vaisseau central où elles sont suspendues à la charpente datée de 1641. Elles ont été sculptées sur place, du moins pour les finitions, par des artistes inconnus, excepté un Lambert d’Anvers, cité en 1658 comme ayant travaillé « aux enrichissements qui sont en la voussure de l’église des Jésuites, avec quantité d’ouvriers estrangers… ».
La pierre tendre utilisée, le tuffeau de Maastricht, est une roche calcaire jaunâtre à grain très fin qui se sculpte facilement. Au cours du temps, celle-ci s’est considérablement altérée par les diverses pollutions, au point d’offrir un ensemble complètement noirâtre avant leur restauration.
La question de leur nettoyage fut évoquée dès 1935, en même temps que la restauration des boiseries. Il faudra cependant attendre la soumission des travaux en 1977, et le début du chantier de restauration en 1979, pour que se concrétise ce projet.
Après différents essais de nettoyage en 1979-1980 prévus au cahier des charges, c’est la technique du nettoyage au sable d’Oret très fin, à très basse pression, qui fut retenue et appliquée pour des questions de coût, même si elle n’était pas la solution idéale. Le sablage au sable d’Oret très fin, effectué sans insistance, enleva une bonne partie de l’encrassement et n’entama que très peu la surface du tuffeau.
En 1980, la Commission conclut sur base des essais : « l’option est de ramener les voûtes le plus possible à la tonalité naturelle du matériau d’origine, la pierre de Maastricht. Le sablage actuellement proposé suite aux divers essais obtient ce résultat en n’abîmant pas les arêtes de la sculpture. L’Irpa avalise également les essais, estimant que le sableur semble désormais bien au point.
Le nettoyage des voûtes fut commencé en 1980, ou tout au moins les recherches d’une technique de nettoyage adéquate. Les travaux semblent avoir été interrompus pour reprendre en 1986. L’ensemble des voûtes fut rejointoyé par la suite.
Une dernière question à évoquer : les voûtes furent-elles polychromées à l’origine, ou la pierre était-elle restée nue ?
Il semble qu’on n’ait retrouvé aucune trace de polychromie sur la voûte du berceau principal, même si le travail de sculpture et la richesse de l’ensemble appelle une finition de cet ouvrage. Par contre, des traces de polychromie subsistent aux chapelles latérales, et plus particulièrement à celle de droite dédiée au saint patron de l’église, Ignace de Loyola. En 1980, Pierrik de Henau, de l’Irpa, relève que « dans les chœurs latéraux, les parties en relief, au-dessus des autels, conservent une dorure fragmentaire (dorure à la feuille sur bol rouge à la colle animale) qui pourrait être originale. Le reste du plafond est peint également. Un dépoussiérage, un prélèvement d’échantillons biens localisés ou un examen stratigraphique sur place pourraient sans doute préciser la structure originale et son état de conservation ». Ces examens et des mesures de conservation ne furent malheureusement pas réalisés pour des questions budgétaires.
Lors de la pose d’un échafaudage en 1992, le Département du Patrimoine a pu confirmer la présence d’une polychromie dans la chapelle droite, appliquée sur base d’une couche de chaux blanche préparatoire. On put y observer rapidement du noir dans les creux (notamment les grands cartouches), du rouge-brun sur les bords et les reliefs (peut-être la préparation à la dorure ?), du rouge plus vif dans le cartouche près de la fenêtre et peut-être de l’ocre jaune. Il n’est pas impossible aussi qu’il y ait eu deux polychromies successives.
Il serait souhaitable à l’avenir de pouvoir financer l’examen de cette polychromie, assurer son traitement (notamment l’extraction des sels) et sa fixation, et enfin présenter l’étude de sa polychromie encore en place. Cette recherche apporterait beaucoup à la connaissance de la scénographie baroque de l’édifice.
Aujourd’hui, l’ensemble de l’église a retrouvé la splendeur de ses voûtes dorées, inondées de lumière, qui répond à la richesse de ses marbres colorés.
Extrait de Thérèse CORTEMBOS, Sophie DENOEL, Alain de WINIWARTER et Robert LAMBERT, L’église Saint-Loup à Namur, Carnets du Patrimoine n°125, éd. Institut du patrimoine wallon, 2014.