Ils sont plusieurs à être bien visibles, sans enduit. D’abord, les pierres calcaires qui servent aux grandes articulations des élévations extérieures associées à la pierre blanche de l’Oise lors de la reconstruction de la façade au XIXe siècle ; ensuite le tuffeau blond, venu probablement de Maastricht (Kane) par la voie d’eau, dont la faible densité et la malléabilité à la sculpture conviennent bien à des voûtes très ornées et d’une ampleur certaine comme ici. Enfin, les « marbres » intérieurs, qui sont en réalité des matériaux régionaux susceptibles d’un beau polissage, mais non de vrais marbres sous l’angle pétrographique. Il s’agit à nouveau d’un calcaire local, ou noir de Mazy, sans doute extrait à Golzinne près de Namur, et d’un calcaire rougeâtre, dit « jaspé », originaire d’une localité plus lointaine comme Rance ou Rochefort. N’oublions pas les dallages, en particulier du sanctuaire, bien que, par souci d’économie, ils ne soient pas conformes au dessin plus sophistiqué, et donc plus onéreux, qu’avait d’abord préconisé l’architecte.
La palette coloristique de tous ces matériaux intervient beaucoup dans la conception du monument. Et elle contribue puissamment à ses effets baroques.
Extrait de : Olivier BERCKMANS et Luc Francis GENICOT, l’église St-Loup et l’athénée royal de Namur. L’ancienne église Saint-Ignace et le collège des jésuites, éd. Ville de Namur, Namur, s.d. (vers 2001).
Comme nous le précise Francis Tourneur, géologue, « les marbres rouges présentent des caractères variés, tant en textures et structures qu’en nuances de rouges et de roses, ce qui laisse supposer des origines multiples. Ce n’est guère étonnant au vu de la quantité et de la qualité des éléments qu’il a sans doute fallu fournir en des délais assez brefs. Les sources sollicitées semblent être Rance, pour seulement quelques éléments du chœur, alors que l’essentiel, tambours de colonnes et pilastres du chœur, montre l’aspect typique des productions de Saint-Remy à Rochefort. Quant aux noirs, ils sont plus difficiles à identifier. La présence de fossiles, localement abondants, dans les grosses bases de colonne de la nef, permet d’identifier sans aucun doute les bancs marbriers des « Calcaires de Meuse », autrefois exploités au Nord de Namur et de part et d’autre du fleuve, aux Grands-Malades et à Lives. Les éléments des pilastres sont d’un noir plus uniforme et pourraient provenir des gisements classiques de Mazy et de Golzinne. Seul l’examen microscopique de prélèvements permettrait de l’affirmer. Aucun de ces « marbres » n’est un « marbre vrai » au sens géologique strict du terme (roche entièrement cristalline de type métamorphique), mais bien des calcaires pouvant prendre un beau poli ».